Ballade en train
Nous sommes dans le train qui prend son départ à Braga et fini son bonhomme de chemin à Porto.
Le wagon est plein de gens endimanchés qui vont sans doute dire bonjour à la famille au sein des nombreux villages qui ponctuent le trajet.
De grosses dames aux anneaux d’or parlent fort des derniers commérages à propos d’autres « senhoras ».
Il y a des enfants, des amoureux enlacés, d’autres qui rêvassent devant un ciel bas et gris.
Le paysage du nord défile.
Des murs craquelés, des ruines de maisons basses, des églises blanches bordées de bandes de pierres grises et couvertes par endroit d’azulejos, du vert, des camaïeux de vert…Une usine…à nouveau du vert, des vignes basses dont le feuillage joue à passer du vert, au rouge et au jaune, des choux (Il n’y a pas de jardin digne de ce nom sans ce type de choux dont les grandes feuilles vertes et foncées poussent autour d’une tige épaisse dressée vers le ciel), des bois d’eucalyptus brunâtre par endroit (La pluie est venue trop tard…).
Le train accélère.
Les eucalyptus filent, les maisons ont souvent de jolis toits de tuiles rouges sur lesquels se dressent de belles « tiges »de terre cuite.
Nous croisons un mont mangé par une bruyère mauve nous rappelant (Si le ciel ne s’en était déjà chargé !) que l’automne est là.
La musique « d’ambiance » est insupportablement lobotomisante.
Arrêt à São Romão.
Le train est moderne, lisse, clair. Les sièges sont couverts d’un velours rouge foncé ponctué de tache jaune soleil.
Nous repartons, le ciel est très gris.
La demoiselle à mes côtés se demande ce que je peux bien écrire, elle regarde mes doigts griffonneurs. Son amoureux se trouve assis dans la rangée opposée. Ils sont mignons. Arrêt à São Frutuoso.
Fiston demande : « Alors, on est arrivé à Porto? »
« Non pas encore » Répond papa grand schtroumpf.